Il y a 70 ans est né John Hugenholtz. Cet Hollandais est à l’origine de nombreux circuits de courses automobiles.


John Hugenholtz naît le 31 octobre 1914 aux Pays-Bas. Très tôt, il se passionne pour la moto et la voitures, jusqu’à les collectionner. Alors qu’il a à peine 22 ans, il fonde le NARC, Nederlandse Auto Race Club, un groupement de passionnés d’automobile.

C’est en 1945 que commence ses “aventures de création de circuits”. Avec le NARC, il veut construire un circuit de course dans la ville hollandaise de Zeist. On peut lire son projet dans l’une des nombreuses lettres qu’il a adressé au journal britannique Motorsport. Le circuit ne sort finalement jamais de terre, les fonds nécessaires n’étant jamais rassemblés. Mais très vite, de nouveaux projets viennent à lui.

1948 - Le circuit de Zandvoort

Circuit de Zandvoort, Pays-Bas

Après l’échec de Zeist, il se retrouve sur un autre circuit hollandais, celui de Zandvoort. On lui attribue souvent à tort la paternité de ce circuit, qui fut en réalité dessiné par Sammy Davis, vainqueur des 24 heures du Mans en 1927. John Hugenholtz ne sera appelé que dans l’année suivant son inauguration pour en être le directeur de piste, rôle qu’il gardera jusqu’en 1974. Zandvoort reste néanmoins un lieu qui influence ses futurs projets et qu’il utilise souvent comme cobaye pour ses nouvelles inventions en matière de sécurité.

Aujourd’hui : Le circuit accueille le WTCR Oscaro et de nombreux Hollandais souhaiteraient y voir le retour de la Formule 1 aux Pays-Bas, grâce à l’impulsion de Max Verstappen.

Best of de la WTCR Oscaro Race of Netherlands 2018, sur le circuit de Zandvoort

1962 - Le circuit de Suzuka

John Hugenholtz travaillant sur le circuit de Suzuka, Japon

S’il n’est pas l’auteur du circuit de Zandvoort, il est bien appelé par Soichiro Honda pour dessiner un nouveau circuit. Le fondateur de la marque automobile du même nom veut une piste d’essai pour effectuer des tests sur ses voitures. Le site de Suzuka est sélectionné et la piste est construite. Sa particularité est qu’elle forme un 8, contre la boucle habituelle, un pont permettant la traversée de la piste à son croisement.

Aujourd’hui : Il reçoit les GP de Formule 1 du Japon depuis 1987. Ce circuit est plébiscité par de nombreux pilotes, faisant de lui un circuit mythique.  

1963 - Le circuit de Zolder

Circuit de Zolder, Belgique

L’année suivante, c’est le circuit de Zolder qui sort de terre, suivant ses plans. Il faut attendre 1973 pour que le Grand Prix de Belgique de F1 s’y installe. Il y revient tous les ans jusqu’à la tragédie de 1982, lorsque Gilles Villeneuve se tue pendant les qualifications. Le Grand Prix de Belgique se déplace à Spa-Francorchamps après cet accident.

Aujourd’hui : Il accueille diverses séries comme le World Series by Renault, l’European FIA Truck Race ou le GT Belcar.

1965 - Le Circuit du Hockenheimring

Circuit du Hockenheimring, Allemagne

Si le circuit du Hockenheimring existe depuis 1932, une partie du circuit connaît une refonte en 1965. Hugenholtz fait partie du projet et crée le Motodrom Stadium. Lors de la reconstruction controversée de 2002, c’est la seule partie du circuit qui est épargnée.

Aujourd’hui : Le GP d’Allemagne de F1 s’y tient en alternance avec le Nürburgring.

1967 - Le circuit de Jarama

Circuit de Jarama, Espagne

Près de Madrid, le Hollandais crée un nouveau circuit aux courbes étroites et sinueuses. Il accueille neufs GP d’Espagne entre 1968 et 1981. De part son tracé, le circuit rend les dépassements presques impossibles et devient vite inadapté aux F1 modernes.

Aujourd’hui : Il est utilisé surtout pour des séries espagnoles de voitures de tourisme ou moto, ainsi que l’European FIA Truck Race.

1968 - Le circuit de l’Ontario Motor Speedway

Ontario Motor Speedway, Californie, Etats-Unis

Hugenholtz fait partie de l’équipe de designers de ce circuit situé en Californie. Le circuit est le premier, et l’unique, construit en respectant les besoins des quatres grands styles de courses : IndyCar, Nascar, drag races et formule 1. A son achèvement en 1970, il considéré comme “l’Etat de l’Art” de l’époque.

Aujourd’hui : Racheté en 1980 pour le potentiel immobilier de son terrain, il a été totalement détruit et il n’en reste plus aucune trace aujourd’hui.

1971 - Le circuit de Nivelles-Baulers (1971)

Circuit de Nivelles-Baulers, Belgique

Le circuit de Nivelles-Baulers est construit en réaction au circuit de Spa-Francorchamps, jugé trop dangereux. Ce nouveau circuit réunit toutes les dernières inventions en terme de sécurité. Peut-être trop justement, car il obtient vite la réputation d’être un circuit ennuyeux. Difficile de tenir la comparaison avec le mythique Spa. Jamais terminé, le plan initial comptait une extension, mais le terrain n’a jamais pu être acheté en raison de la hausse de son prix. En déficit, la piste se dégrade rapidement et est considérée comme trop dangereuse pour la course dès 1980.

Aujourd’hui : il est en partie détruit et intégré dans un complexe industriel. Quelques portions de piste peuvent encore être vues.


Comme le souligne cette dernière réalisation, John Hugenholtz cherche toute sa vie à améliorer les conditions de courses et la sécurité des pilotes. Que cela soit en conseillant d’autres architectes de piste, dans la dizaine de dessins de circuits jamais réalisés ou dans ses propres recherches.

Il décède le 25 mars 1995 des suites des blessures reçues lors d’un accident de voiture à Zandvoort qui tua sa femme sur le coup. Son fils, John “Hans” Hugenholtz sera un pilote automobile. Il témoignera régulièrement du travail de son père:

“A chaque fois que je croisais Jackie Stewart, il parlait toujours des efforts de mon père pour rendre les circuits et les courses plus sûrs et de comment des vies de pilotes furent sauvées grâce à lui. Je suis toujours reconnaissant pour cela et cela me rend très fier des accomplissements de mon père”.