A l’occasion de l’ouverture de la saison 2019 de WRC ce soir à Monte-Carlo, retour sur la toute première édition de ce rallye mythique.


La foule se presse sur la place du casino de Monaco en cette fin janvier 1911. Devant elle défilent les victorieux pilotes ayant réussi à accomplir le tout premier Rallye Monte-Carlo. Certains ont dû affronter la neige et le gel, d’autres des services douaniers d’une lenteur sans nom. Et pourtant, ils y sont parvenus et peuvent savourer leur moment de gloire.

Henri Rougier est en tête de ce cortège. Habitué des courses, le vainqueur concourt toujours à bord des voitures de la concession automobile qu’il dirige, un bon moyen de se faire de la pub tout en appréciant les sensations de ce sport nouveau. S’il remporte le prix de 10 000 francs, il n’est pourtant pas le premier à avoir atteint le Rocher.

En effet, quinze heures auparavant, le pilote von Esmarch est entré en trombes dans Monaco. Mais alors, pourquoi n’est-il pas sacré champion ?

Un règlement compliqué

Comme souvent à l’époque, ce premier rallye monégasque n’est pas une course de vitesse mais une compétition avec un règlement bien particulier. Tellement particulier que même le jury a du mal à s’en sortir, rendant son verdict avec plus de 24 heures de retard. Et pour cause, de nombreux critères sont à prendre en compte.

La vitesse déjà. Si l’ordre d’arrivée n’est pas le seul critère, la vitesse moyenne des participants rentre en jeu. Elle doit être d’au minimum 10 km/h sur 24 heures, soit 240 kilomètres par jour. Mais d’autres points originaux sont pris en compte : le nombre de personnes transportées, le degré de confort offert par le véhicule et son état à l’arrivée.

Il semble que c’est sur ce dernier point que von Esmarch a perdu beaucoup. Classé sixième, il refuse son prix et ne défile pas, se faisant disqualifier. Nombre sont ceux qui partagent son point de vue, ne comprenant pas une si mauvaise place.

Un dernier point doit être pris en compte par les juges : la distance parcourue. Une des originalités de cette course est que tous les participants ne partent pas du même endroit, mais de villes différentes à travers l’Europe.

Une idée qui peut sembler saugrenue, mais qui tient au contexte de l’organisation de cette course.

Un intérêt pas seulement sportif

A l’époque la Côte d’Azur est le lieu privilégié de villégiature des plus fortunés. Si Monaco est connue pour ses palaces et son casino, c’est bien Nice qui est la capitale de la Riviera. La ville est dynamique, notamment dans cette nouveauté mondaine qu’est la course automobile.

Pour rivaliser avec sa voisine, la principauté décide donc de mettre en place un rallye partant de diverses villes afin d’attirer les personnalités fortunées et leur faire découvrir la douceur de vivre de Monaco. Le faire en janvier permet de leur montrer le soleil qu’ils n’ont pas chez eux… Et concurrencer le Carnaval de Nice ayant lieu à la même époque.

Ce premier rallye est peu relayé dans la presse, seul un même article de quelques lignes est repris par les rédactions. Avec un nombre de participants faibles (seulement vingt) et la controverse du classement, les organisateurs craignent que l’aventure s’arrête après cette première expérience. Mais dès l’année suivante, quatre fois plus de participants s’alignent au départ.

Après une pause lors de la Première Guerre mondiale, la compétition reprend et une catégorie féminine est ajoutée. Elle est remportée en 1934 par la fameuse Simone. Evoluant dans sa forme, il est depuis 1973 au calendrier du Championnat du Monde des Rallyes. Abonnés de Canal +, vous pourrez suivre l’édition 2019 du rallye Monte-Carlo dès ce soir, 19h50.