Le manque d'enthousiasme autour de la Nevera pousse le constructeur à se poser des questions existentielles...

Depuis sa création en 2009, Rimac a connu une ascension fulgurante, couronnée par le rachat de Bugatti en 2021. Le jeune constructeur croate a certes dû créer une coentreprise avec Porsche pour mener à bien cette opération, mais c'est bien lui qui détient la majorité des parts (55%).

Son succès, Rimac l'a bâti en concentrant ses efforts sur un créneau de niche : la supercar électrique. Ses deux premiers modèles - la Concept One et la Concept S - ont connu un beau succès d'estime. Néanmoins, avec une production limitée à une dizaine d'exemplaires, ils ne sont jamais vraiment sortis de la marginalité. La Nevera, qui a pris la suite en 2021, est promise à un destin un peu différent, puisque ce sont cette fois 150 exemplaires qui doivent être commercialisés.

Le seul hic, c'est que la clientèle ne se bouscule pas pour le moment. Pour Mate Rimac, patron et fondateur de la marque, ce n'est pas la voiture en elle-même qu'il faut mettre en cause, mais plutôt l'évolution des mentalités.

Rimac Nevera. 

Le dirigeant croate estime en effet que l'électrique ne fait plus rêver comme avant. Les défis technologiques d'hier et leurs perspectives enthousiasmantes ont laissé place à une sorte de standardisation sans saveur. Dans ce contexte, il faut trouver autre chose pour attirer la clientèle fortunée que vise Rimac.

Mate Rimac fustige pêle-mêle les pouvoirs publics et les grands constructeurs, coupables selon lui d'avoir dégoûté les gens de l'électrique en voulant l'imposer à marche forcée. Il établit un parallèle entre l'automobile et le monde de l'horlogerie pour expliquer sa position actuelle : "Une Apple Watch fait mieux dans tous les domaines. Elle peut faire 1000 choses de plus, elle est beaucoup plus précise, elle peut mesurer votre rythme cardiaque. Mais personne ne paierait 200 000 dollars pour une Apple Watch". Des propos que ne renieraient pas les anti électriques les plus convaincus !

Alors que toutes les voitures de sa jeune histoire étaient électriques, Rimac pourrait donc se tourner vers d'autres solutions à l'avenir, ce qui constituerait un revirement assez fort sur le plan symbolique. Pour ce qui est de Bugatti, Rimac et Porsche ont déjà fait le choix de poursuivre sur la voie du thermique. La remplaçante de la Chiron, qui fera bientôt ses grands débuts, disposera en effet d'un moteur V16 épaulé par un système hybride.