Le circuit de Brooklands, premier circuit permanent au monde, accueille dans les années 30 tout un groupe de femme pilotes. Ambitieuses et intrépides, elles ont à cœur de démontrer leur talent, après vingt ans d’interdiction de piste. Parmi ces femmes, Kay Petre, une pilote polyvalente rêvant des 24 Heures du Mans.
Un course de relais va se tenir à Brooklands en cette année 1934. Parmi les équipages masculins, trois femmes se sont alliées : Kay Petre, Eileen Ellison et Sheila Tolhurst. Si elles sont habituées du circuit, c’est la première fois qu’elles conduiront ensemble.
Le départ est donné. Très vite, les trois femmes gagnent un bon rythme. Elles peuvent atteindre le podium mais tour après tour, relais après relais, elles lèvent le pied. Qui renoncerait à monter sur l’une des places d’honneur de son plein gré ?
Les trois femmes n’ont pas perdu la raison. Remporter un trophée à cette course n’a que peu d’importance pour elles. Ce qu’elles veulent, c’est gagner le Ladies’ Prize, et avec lui, un ticket d’entrée pour les 24 heures du Mans. Mais voilà, ce prix ne peut être décerné à une équipe montant sur le podium.
Alors elles se brident et finissent cinquième, extatiques : elles vont aller au Mans ! Finalement, Kay est la seule à pouvoir partir en France. Elle s’engage dans la plus prestigieuse des courses d’endurance au côté d’une autre femme pilote, Dorothy Champney. Deux autres femmes participent à cette épreuve, dont Gwenda Stewart, elle aussi une habituée de Brooklands. Mais chacune sont associées à un homme, faisant de Dorothy et Kay le seul équipage entièrement féminin. Si certains y voient un handicap, les deux femmes prouvent le contraire en terminant 13ème sur quarante-deux au classement général et 5ème de leur catégorie.
Petite par la taille, grande par le talent
Née au Canada en 1903, Kay Petre arrive en Grande-Bretagne au bras de son mari, Henry, en 1930. Les deux époux trouvent vite leur bonheur à Brooklands. Lui profite de l’aérodrome présent sur le même site pour assouvir sa passion de l’aviation, tandis qu’elle y découvre les courses automobiles.
Henry offre à Kay sa première voiture pour son anniversaire. Avec elle, la jeune femme termine sur le podium dès ses premières courses. Du haut de ses 1m47, elle dépasse à peine le volant. Sa petite taille ne la freine jamais, elle n’hésite pas à conduire les voitures les plus imposantes, faisant adapter leurs pédales et sièges à sa morphologie. Très élégante, elle ne manque jamais d’assortir son casque à sa combinaison.
A Brooklands, elle bat trois records de vitesse, atteignant les 216 km/h en 1935. Endurance, Rallye, Grand Prix, aucune catégorie ni aucun concurrent ne lui fait peur. Sa carrière s’arrête brutalement en 1937. Alors en pleine session d’essais pour la course des 500 Mile de Brooklands, Reg Parnell fait une mauvaise manœuvre et lui rentre dedans. La voiture de la pilote fait des tonneaux et elle se retrouve gravement blessée. Si elle parvient à se rétablir sans aucune séquelle, elle ne participe plus jamais à des courses. Elle ne quitte cependant pas le monde de l’automobile, dessinant des motifs de tissus pour Mini et écrivant pour des journaux automobiles.
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