Traction, 2CV, DS… Derrière les courbes de ces voitures françaises iconiques se cache un Italien : Flaminio Bertoni, né il y a 116 ans aujourd’hui.


Quand je dessine des voitures, je m’inspire de la nature, d’un cygne par exemple. Pour la DS, c’est un poisson qui m’a inspiré.

La nature n’est pas la seule à inspirer Flaminio Bertoni. Doté d’un esprit artistique, il est passionné de peinture et de sculpture, étudiant le travail de Léonard de Vinci et Michel-Ange. Issu d’une famille modeste du Nord de l’Italie, il révèle très vite un talent pour le dessin.

A 15 ans, il est engagé comme apprenti à la carrosserie Macchi, à Varese. Là, il y apprend la menuiserie puis le travail de la tôle. Il perfectionne sa technique en prenant des cours de dessin et de sculpture à l’Ecole des Beaux-Arts, tout en continuant de travailler à l’atelier.

En 1922, des techniciens français visitent la carrosserie Macchi. Observant le jeune homme travailler, ils remarquent tout de suite son talent. Ils lui proposent alors un voyage d’étude en France, l’un des principaux lieux de l’innovation automobile de l’époque. Tout juste âgé de 20 ans, le jeune Italien améliore son savoir-faire dans différents ateliers automobiles. Dans l’un d’entre eux, il fait la connaissance de Lucien Rosengart, un proche d’André Citroën. Une rencontre qui va changer sa vie.  

L’aventure Citroën

André Citroën crée sa marque en 1919, produisant deux premières voitures : la Type A et la Citroën 5HP. L’histoire raconte que Bertoni se fait engager par l’industriel après lui avoir présenté un système de lève-vitre pneumatique.

En 1931, l’Italien retourne à Varese et y ouvre un cabinet de design automobile, collaborant avec son premier employeur, la carrosserie Macchi. Mais il n’arrive pas à se satisfaire de la situation. Quand André Citroën le contacte, il décide de revenir s’installer en France.

Dès 1932, il prend la direction du service “Style” de la marque aux chevrons. Il s’agit d’un travail important, car si les ingénieurs décident des spécificités techniques, lui et son équipe doivent créer l’extérieur de la voiture, lui donner une ligne unique, pour permettre à Citroën de se distinguer de ses concurrents.

Un jour, il décide de changer d’approche. Alors que jusqu’à présent, les voitures sont créées sur le papier, il décide de mettre à contribution sa passion pour la sculpture et modèle une voiture en trois dimensions. La Traction Avant est née. Elle sera un vrai succès, éditée à 760 000 exemplaires pendant vingt ans.

La Traction Avant, première voiture iconique de Citroën

Parmi ses autres créations, on retrouve la célèbre 2CV. Celle-ci est créée après la mort d’André Citroën afin de développer l’usage de la voiture dans les campagnes françaises. Avec 5 000 000 d’exemplaires vendus, le pari est réussi.

Travail sur la forme du capot de la 2CV

Mais l’une de ses plus grandes réussites reste la mythique DS. Avec ses lignes audacieuses, elle révolutionne l’automobile. A l’opposée de la 2CV, elle est vite adoptée par les cadres… et les présidents de la République Française. Elle est aujourd’hui souvent considérée comme l’une des plus belles voitures jamais inventées.

La mythique DS et ses courbes allongées

Flaminio Bertoni meurt en 1964. Ses trentes années de travail ont façonné l’image de Citroën, permettant à la société de s’élever parmi les grandes de l’automobile.

Je suis né designer automobile. Pour moi, le besoin que j’ai de dessiner des voitures est le même que celui d’un peintre qui peint une toile ou d’un musicien qui compose une musique.