Il aurait eu 85 ans aujourd’hui. Découvrez l’histoire de John Surtees, seul pilote de l’histoire à avoir été sacré champion du monde de moto et de Formule 1.


Sept, c’est le nombre de tests que Valentino Rossi, six fois champion du monde de moto GP, a effectué avec Ferrari. Ses résultats sont très bons, même Michael Schumacher est impressionné. Les rumeurs d’officialisation enflent, l’Italien admet lui-même y avoir fortement pensé. Mais finalement, le projet est abandonné. Valentino Rossi n’ira pas sur les traces de John Surtees, seul pilote de l’histoire à avoir été couronné à la fois en moto et en Formule 1.

Un monde de moto

S’il dédie une grande partie de sa vie à l’automobile, c’est bien par la moto que la carrière de John Surtees débute. Son père, Jack, est champion britannique de sidecar et tient une boutique de deux roues. Suivant ses traces, John s’engage à 17 ans en championnat du monde de moto 500 cm3. Très vite, il engrange ses premiers points.

Sa première victoire au Pays de Galles le marque à vie : “De toutes les courses que j’ai pu faire dans ma vie, c’est probablement celle qui a eu le plus d’impact sur moi. Pour la première fois je n’étais plus seulement un mécanicien qui conduisait un deux roues. La moto et moi ne sommes devenus qu’un.”

Évoluant à la fois en 350 cm3 et 500 cm3, il remporte son premier championnat en 1956. Il n’a alors que 22 ans. S’ensuit alors une période de domination totale. De 1958 à 1960, il ne descend de la première marche du podium que trois fois. Il ne s’en va pourtant pas loin, terminant deux fois deuxième et une fois troisième. Il remporte ces trois saisons, à la fois en 350 cm3 et 500 cm3, ramenant ainsi six trophées de champion du monde.

A 26 ans, John Surtees domine sa discipline. Il aurait pu s’en contenter, prendre sa retraite ou continuer à survoler le monde du deux roues. Mais la facilité ne fait pas partie de son vocabulaire.

Un tournant à quatre roues

En 1960, on lui propose d’effectuer des essais en Formule 2. C’est décidé, il va se lancer dans l’automobile. Contacté par l’écurie Lotus, il en devient pilote officiel. Très vite, il fait des étincelles. Lors de son deuxième Grand prix en Formule 1, il finit sur la deuxième marche du podium, juste derrière le champion du monde Jack Brabham.

Tous les yeux sont tournés vers lui lors du Grand Prix suivant. Sur le circuit de Boavista, près de Porto, le rookie de la F1 emporte la Pole Position. La victoire est à portée de main, mais un problème de radiateur le coupe dans son élan. Jim Clark remporte sa première victoire.

Lors des saisons suivantes, il enchaîne les voitures et les écuries, remportant plusieurs victoires et podiums. Si ses voitures ne lui permettent pas de rivaliser pour le titre, elles lui ouvrent les portes de Ferrari.

C’est avec l’écurie au cheval cabré qu’il va remporter sa première victoire en championnat. Jim Clark et sa Lotus survolent alors la compétition. Mais une défaillance lors du Grand Prix d’Allemagne permet à Surtees de remporter sa première victoire sur l’exigeant circuit du Nürburgring.

1964 lui sourit enfin. Avec une Ferrari plus fiable que la saison précédente, il part à l’attaque de la concurrence. Comptabilisant deux pôles positions, deux victoires et six podiums, il remporte le championnat du monde, devenant le premier, et seul, pilote de l’histoire à être à la fois champion du monde de moto et de Formule 1.

Quittant Ferrari en plein milieu de saison en 1966 à cause de désaccord profond avec la direction, il continue à courir en Formule 1 jusqu’en 1972. De plus en plus impliqué dans la conception des voitures qu’il conduit, il va jusqu’à monter sa propre écurie qu’il dirige d’une main de fer jusqu’en 1978.

John Surtees était l’une des personnes les moins comprises du milieu. Ce n’était pas la tasse de thé de tout le monde de l’avoir comme directeur d’équipe, peut-être parce qu’il pouvait grimper dans n’importe laquelle de ses voitures et performer aussi bien, voire mieux, que certains des pilotes qu’il employait. Il était passionné à propos de la course et avait une opinion très tranchée sur les choses.” raconte John Watson, pilote employé par Surtees.