Il y a 77 ans naissait Jim Downing, pilote américain d’endurance. Cinq fois champion IMSA, il est aussi à l’origine d’une invention qui a révolutionné la sécurité dans le sport automobile : le système Hans.


Au cours de sa carrière de pilote automobile, Jim Downing a vu beaucoup d’accidents. Dans les années 70, la sécurité en piste est loin d’être aussi avancée qu’aujourd’hui. Un accident marque le pilote plus particulièrement. En 1981, alors qu’il effectue des essais, Patrick Jacquemart sort de piste. Son corps est ceinturé, mais pas sa tête, qui se déplace violemment vers l’avant, causant une fracture mortelle.

Jim Downing pense que cette mort aurait pu être évitée et se tourne alors vers son beau-frère, le Dr Robert Hubbard, pour trouver une solution. Leur idée va révolutionner la sécurité des courses automobiles.


Le Système Hans

Robert Hubbard est la personne idéale pour mener ce projet à bien. Professeur d’ingénierie biomécanique à l’Université du Michigan, sa recherche de doctorat portait sur les propriétés mécaniques des os du crâne et les mécaniques des blessures de la tête. Il travaille également sur le programme de sécurité de General Motors.


Leur idée est alors simple : “Si l’on peut garder la tête alignée sur les épaules, alors le cou ne se déplacera pas” raconte le professeur. En maintenant fermement dans le baquet le torse, le bassin et la tête, le coup du lapin devrait être évité.  

Leur premier prototype voit le jour en 1985. Ils n’ont alors pas de soutien. Robert Hubbard se souvient : “Je faisais ça à côté de mon travail, je n’avais pas vraiment de fonds pour développer le produit”. Seules leurs économies leur permettent de continuer. En 1989, ils utilisent des crash test dummies pour améliorer leur concept, ce sont les premiers à le faire pour de l’équipement de course automobile.

Avec le système Hans, Head And Neck Support (Support de la tête et du cou), l’énergie exercée sur la tête et le cou baisse de 80%. Une vraie réussite. Pourquoi alors tant d’attente pour créer ce produit ? Le professeur a une réponse “ce n’est pas avant les années 90 que les gens ont commencé à regarder de plus près les blessures liées au crash. Jusque là, on considérait que le sport automobile était dangereux, sans chercher plus loin”.

Un départ au ralenti

Si les compagnies spécialisées dans la sécurité de course reconnaissent l’utilité du système Hans, aucune ne veut le produire. Downing et Hubbard se retroussent une nouvelle fois les manches et développent, manufacturent et vendent eux-mêmes le produit. Downing en fait la promotion, le portant dans ses courses à partir de 1991. “Les gens pensaient qu’il était fou parce que le système était bien plus gros à l’époque, cela ressemblait au masque de Dark Vador”.

En 1992, General Motors s’implique dans l’amélioration du produit en lançant un programme de sécurité pour sports mécaniques. Les crash tests se multiplient. En 1995, c’est la FIA qui commence à s’y intéresser après l’accident de Mika Häkkinen lors des essais d’Adélaïde, où il se fracture le crâne après avoir tapé dans une barrière de pneus. Mercedes travaille alors avec les deux associés pour l’améliorer et l’adapter aux monoplaces, plus étroites.

Mais c’est en 2001 que l’intérêt pour le système HANS explose. Le légendaire pilote Dale EarnHardt Sr. meurt lors du dernier tour des Daytona 500, d’une fracture du squelette. Le monde du Nascar est bouleversé, il s’agit du quatrième décès en quatorze mois. Après cet accident, plus de 250 Hans System sont vendus en une semaine, soit autant qu’en une année habituellement.

Le Nascar les rend obligatoires à partir de 2002, la Formule 1 suit le pas l'année suivante. En 2009, la FIA les rend obligatoires pour tous les événements de niveau international.