M, une lettre de légende

C’est une lettre qui en a fait rêver plus d’un. Un petit M apposé sur la carrosserie. Bien plus qu’un détail graphique, derrière cette lettre se trouvent les bolides les plus mythiques de la marque BMW.


Dès les années 20, les voitures qui sortent de l’usine bavaroise se retrouvent sur les pistes de courses. Mais elles sont rarement préparées par BMW, qui laissent ce soin à des préparateurs extérieurs. Il faut attendre 1972 pour que, sous l’engouement populaire pour le sport automobile, BMW crée son propre département de compétition : BMW Motorsport.

« Les entreprises sont à l’image des êtres humains. Le sport est bénéfique pour leur forme, leur endurance, leur dynamisme et leurs performances. » Robert A. Lutz, membre du Directoire de BMW AG en 1972

Quarante personnes sont dédiées à ce projet. Dès la saison de 1973, le moteur bavarois fait des étincelles en Formule 2, permettant à Jean-Pierre Jarier d’être sacré champion à bord de sa March-BMW. Le succès est total, les écuries s’arrachent le moteur. Au final, 500 exemplaires sont écoulés. F2, championnats des voitures de tourisme, 24 heures du Mans, série IMSA aux Etats-Unis, rien ne semble résister à la machine Allemande.

En plus de ses ingénieurs dédiés, la compagnie met au point un programme unique pour l’époque. Une académie de pilotage est fondée. Les pilotes sont entourés de coachs sportifs, de psychologues et profitent d’infrastructure pour s’entraîner. La norme d’aujourd’hui.

De la piste à la route

BMW M1

Devant les succès et la popularité grandissante de la BMW 3.0 CSL, la direction de BMW décide de confier à son entité Motorsport la création d’une automobile pouvant à la fois rouler en circuit et sur route afin de la commercialiser. Sous les mains du talentueux designer Giorgetto Giugiaro, la M1 voit le jour en 1978. Avec son 6-cylindres à l’arrière en position centrale, elle passe du 0 à 100 en 5,6s, atteignant les 262 km/h. Si elle remporte des succès en compétition, sa commercialisation est un échec. Bien que conçue pour être une voiture de route, elle se révèle être difficilement manoeuvrable en dehors des circuits.

Malgré cet échec, la firme bavaroise ne baisse pas les bras. Elle est désormais à la recherche d’une voiture plus équilibrée, pouvant contenter les fous de sports tout en étant agréable sur la route. Le mot d’ordre de BMW M est né : “ de véritables voitures de course qui servent un plaisir quotidien”.

L’approche change alors. Plutôt que de partir des voitures de compétitions, l’équipe prend des voitures de série de BMW pour les muscler. C’est ainsi que la M535i apparaît dès 1979.

Le succès

BMW M3 E30

Dans les années 80, BMW M a besoin de vendre 5000 voitures pour pouvoir intégrer le Groupe A du DTM (championnat allemand des voitures de tourisme). Prenant pour base la Série 3, la première génération de M3 naît.

Avec le poids comme obsession, les ingénieurs M remplaçent certaines parties de la carrosserie avec du plastique. Côté aérodynamique, des ailerons sont ajoutés. Un moteur de 200cv vient compléter cette cousine musclée de la Série 3.

Les trophées s’accumulent, le championnat est remporté. Allemagne, Europe, Monde, aucune compétition ne lui résiste. Aucun marché non plus, près de 18 000 modèles sont vendus en quatre ans.

BMW M5

Les modèles s’enchaînent et les succès avec. En 1984, la M5 fait son apparition. Peu de choses semblent la différencier de sa cousine de série. Et pourtant, en passant derrière le volant, on réalise que la différence est bien présente sous le capot. Le bolide peut atteindre les 245 km/h, “un loup déguisé en agneau”.

Formule 1, tourisme, endurance, route, rien ne semble pouvoir arrêter le talent de l’équipe de BMW M. Devant la popularité de cette simple lettre, BMW propose un kit M pour faire ressembler ses voitures de séries aux bolides, le moteur en moins. De quoi s’acheter un petit bout du rêve.