Les filles de Brooklands : Elsie Wisdom, l’intrépide

Le circuit de Brooklands, premier circuit permanent au monde, accueille dans les années 30 tout un groupe de femme pilotes. Ambitieuses et intrépides, elles ont à coeur de démontrer leur talent, après vingt ans d’interdiction de piste. Parmi ces femmes, Elsie Wisdom, championne d’endurance.  


Le soleil brille sur le circuit de Brooklands en ce petit matin de juin 1932. Parmis les trente équipages qui s’alignent sur la grille de départ, deux femmes. Elsie Wisdom, jeune britannique de 28 ans, s’est alliée à l’Australienne Joan Richmond pour participer à la toute première course de 1000 Miles de Grande-Bretagne. 400 tours sont à effectuer, 200 le vendredi et 200 le samedi.

A la fin de la première journée, elles pointent en quatrième position, malgré des problèmes sur leur biellette de direction. Leurs mécaniciens passent la nuit à s’entraîner à remplacer cette pièce.

Le lendemain, les deux femmes arrivent à remonter des places. A 15 heures, elles comptent trois minutes d’avance sur leurs concurrents, pourtant équipés de voitures Talbot, bien plus puissantes. Ils restent encore deux heures de courses, les pneus souffrent. Mais s’arrêter leur ferait perdre leur place. Elles continuent, priant pour que les pneumatiques tiennent le coup. Un peu avant 17 heures, elles achèvent leur quatre centième tour, remportant ainsi la toute première course de 1000 miles de Grande Bretagne.

La même année, Elsie remporte le prestigieux “120 mph badge” de Brooklands, un trophée remis à tous les pilotes dépassant les 120 miles par heure (193 km/h). Des réussites qu’elle doit en partie à son entourage.

Triomphe féminin dans la course des 1000 miles : Mlle Joan Richmond et Mme Wisdom battent leurs concurrents masculins dans un évènement de deux jours à Brooklands

Coup de pouce

Elsie grandit à Londres entourée de ses six frères, partageant leurs jeux. Surnommée Bill par sa famille, elle emprunte régulièrement les motos de ses frères. Bien qu’ils soient inquiets de la voir conduire de manière si imprudente, ses parents finissent par lui offrir une moto pour ses seize ans. Deux ans plus tard, ils lui offrent une voiture, pensant que la jeune fille y serait plus en sécurité qu’à dos de bécane.

Elsie s’inscrit à quelques essais pour se mesurer à d’autres pilotes. Mais sa voiture est si peu puissante qu’elle ne lui permet pas de rivaliser. Elle économise alors et, à 21 ans, s’achète sa propre voiture. Avec celle-ci, elle peut atteindre les 110 km/h ! Mais pour autant, elle ne s’inscrit à aucune course.

Elle ne commence la compétition qu’après son mariage. Une semaine seulement après que l’union soit célébrée, son mari l’inscrit secrètement à la Ladies March Handicap, une course féminine sur le circuit de Brooklands. L’histoire raconte qu’elle est furieuse après lui. Non pas parce qu’elle a peur des dangers que comprennent une course, mais parce qu’elle craint de se ridiculiser.

Tommy l’encourage et emprunte une Frazer-Nash à un ami. C’est l’une des voitures les plus puissantes à s’aligner sur la ligne de départ ce jour là. Elle remporte la course avec une vitesse moyenne de 152 km/h. Sa carrière de pilote est lancée.